Englouties par les eaux

Afin de compléter votre vidéo, je vous propose la lecture de ce livre qui traite de l'apocalypse parisien :
Œuvre extraordinaire du maître Sarum, l'Apocalypse de Paris est une œuvre étonnante du gothique anglais primitif. Ses quarante-cinq folios contiennent quatre-vingt-dix images. Neuf comprennent une Vie de Jean illustrée, présentée sur deux registres sur la page entière. Les autres occupent la moitié supérieure de chaque page avec le texte de l'Apocalypse glosé en français en dessous, généralement présenté sur deux colonnes de la fin du Protogothique. Cependant, la mise en page est variable avec de longues lignes. Les enluminures sont de style gothique avec des détails exquis et des gestes prononcés, cependant la technique de dessin à la plume colorée rappelle les méthodes anglo-saxonnes. L'épanouissement de la plume embellissant les initiales dorées est un exemple précoce de cette technique décorative gothique par excellence.

L'Apocalypse de Paris est un pont entre les anciens manuscrits anglais de l'Apocalypse et le gothique français importé. Sa disposition et son style traditionnels peuvent refléter les goûts conservateurs de son riche mécène ou avoir été conçus comme une union d'un style essentiellement anglais avec le nouveau gothique dans l'intention de servir de cadeau unique pour un destinataire royal. Quoi qu'il en soit, le résultat est un exemple spectaculaire du meilleur de la production manuscrite anglaise du milieu du XIIIe siècle.
L'œuvre exquise du maître de Sarum

Le Maître de Sarum a travaillé dans les années autour de 1250 à Salisbury, en Angleterre, ou dans les environs. Sa main est présente dans plusieurs manuscrits, dont le Psautier d'Amesbury (Oxford, All Souls College, ms. 6), le Missel Henry Chichester (Manchester, John Rylands Library, ms. 24) et la Bible de William of Hales (Londres, British Library, Royal 1 B XII).

La main du coloriste habile se compare à celle du Psautier d'Evesham (Londres, British Library, Add. MS 44874). Ce manuscrit préserve le plus haut niveau des réalisations artistiques du gothique précoce et peut être le résultat du rassemblement des meilleurs praticiens dans le cadre d'une commission spéciale plutôt que le travail d'un atelier unique.
La vaste tradition de l'Apocalypse anglaise

Au moins cinquante manuscrits de l'Apocalypse anglaise ont survécu aux XIIIe et XIVe siècles. L'Apocalypse de Paris est l'une des plus anciennes et fait partie d'un trio de manuscrits contemporains similaires, les autres étant New York, Pierpont Morgan MS M. 524, et Oxford, Bodleian Library MS. Auct. D. 4. 17. Tous trois ont un cycle pictural et un style traditionnel presque identiques.

La création d'une œuvre remarquable crée souvent une tendance au sein de l'élite. Une œuvre remarquable telle que l'Apocalypse de Paris contribue à inspirer des versions dérivées. L'iconographie détaillée et engageante créée pour ces manuscrits a également inspiré les artistes médiévaux au-delà des livres eux-mêmes, apparaissant dans les tapisseries, sculptures et peintures murales de l'époque.
Un livre relié pour la royauté

Bien que l'on ne connaisse pas le commanditaire initial de l'Apocalypse de Paris, le fait qu'elle soit entrée en possession de Charles Quint de France au début du XIVe siècle suggère qu'elle a été créée pour les plus hauts échelons de la société anglaise. Le volume est répertorié dans les inventaires du Louvre de 1380 à 1424.

Il a été rapatrié en Angleterre dans la collection de John, duc de Bedford, puis acheté par Louis de Bruges. Il est entré à la Bibliothèque royale de Blois par l'intermédiaire de son fils Jean, où il est resté de 1544 à 1682. Il a été exposé à la Bibliothèque nationale en 1881.
Description de la reliure

Comme décrit en 1411, le manuscrit était "recouvert de cuir rouge uni et de deux petits fermoirs à lattes", mais la reliure actuelle date du XVIIe siècle : cuir rouge marocain avec des outils dorés et une couronne centrale contenant les armoiries royales françaises. "Apoc Avec Figur" est imprimé sur le dos.